troupes sont les plus belles du monde : pour moi, je crois que nous allons avaler la mer et les poissons.
Voilà qui est fait, madame ; je crois que vous m’avez écrit une lettre qui s’est perdue : et la meilleure raison que j’ai pour me le persuader, c’est que je le souhaite et que j’aime fort à croire que vous m’aimez.
Voulez-vous, ma chère cousine, savoir ce que je pense sur cette nouvelle guerre ? Je sens une fort grande envie d’y servir, mais pourtant une fort grande résignation aux volontés du roi. Je me suis tellement mal trouvé toute ma vie de prendre les choses trop à cœur que je suis résolu de ne plus avoir de passion que pour mon repos et pour des plaisirs indépendants. Comme ce n’ont jamais été mes prospérités qui me rendoient gai, je ne le suis pas moins que de coutume. Quand il n’y devroit avoir que moi, les rieurs seront toujours de mon côté ; quoique je ne sois pas si bien que je devrois être, je ne suis pourtant pas trop mal, grâce à ma modération.
Quelque persuadé que je sois, monsieur, de votre générosité, je ne saurois m’empêcher d’avoir une très-grande discrétion quand il s’agit de vous importuner en l’état où sont mes affaires. Cependant il y a des temps qui me semblent privilégiés, comme celui-ci, où l’on parle fort de guerre. Est-il possible, monsieur, que je la voie sans y être, et que le roi, à qui je meurs d’envie de plaire aux