Page:Racan Tome I.djvu/267

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Dans la prison d’une moindre beauté,
N’a point rougi d’avoir à son costé
Une quenouille au lieu de sa massuë[1].




STANCES.


Que mon sort est ambitieux

De vouloir terminer ma vie
De la plus belle fin et plus digne d’envie
Dont jamais un mortel soit monté dans les cieux !

Celle à qui j’ay donné ma foy
Force tout à lui rendre hommage.
Si c’est idolatrer d’adorer son image,
Le ciel est idolatre aussi bien comme moy.

Aux piés de sa divinité
Toutes offrandes sont petites,
Et faut que l’on confesse, en voyant ses merites,
Que rien n’est digne d’eux que ma fidelité.

Aussi j’ay l’esprit si content
De la gloire qui m’est offerte
Que, si quelqu’un vouloit s’opposer à ma perte,
Je le croirois jaloux de l’honneur qui m’attend.

Cherche qui voudra le trespas
Dans une meslée homicide,
Où l’heur d’estre blessé d’un Mars ou d’un Alcide
Fait que mesme en la mort on trouve des appas.

  1. Cette pièce, une des bonnes de Racan, et qu’il paroît avoir faite pour un autre que lui, porte dans le recueil de 1638, après la dernière strophe, une ligne d’étoiles qui semble indiquer que dans la pensée de l’auteur le morceau n’étoit pas encore entièrement terminé.