qualités du genre ; peut-être même, en lisant certaines
réflexions adressées par leur auteur à Chapelain (manuscrits de Conrart), pourroit-il être
permis de penser que le naturel de ses lettres,
bien que très sincère au fond, n’étoit pas entièrement
exempt de pensée littéraire, et qu’il avoit
entrevu, dès ce temps là, quelque chose de la
théorie épistolaire que de grands modèles créérent
un peu plus tard. Quoi qu’il en soit, ces
lettres sont très propres, comme nous l’avons dit,
à faire connoitre dans une certaine mesure celui
qui les a écrites, genre d’étude peu cultivé alors,
mais devenu de notre temps un sujet tout particulier
de recherches de la part de ceux qui veulent
ajouter aux productions du talent un mérite
de plus par les résultats plus ou moins marqués
de esprit d’observation.
Il est encore une œuvre en prose qui peint aussi naturellement l’auteur qui l’a produite que celui dont elle est la biographie : ce sont les Mémoires pour la vie de Malherbe, si souvent réimprimés partout ailleurs que parmi les ouvrages de Racan. Nous demandons la permission de nous étendre un peu sur ce morceau, dont la destinée littéraire est accompagnée de tant de singularités.
Et ce n’est pas la moindre de ces singularités que le nombre infini d’opinions diverses qui depuis deux cents ans ne cessent de se heurter sur un ouvrage qui, à part la grande importance poétique e celui qui en est e héros, n’a rien, ni par le fond ni par l’exécution, de bien véritablement remarquable, surtout dans l’état où des modifications de plus d’une sorte l’ont réduit ; nous disons des modifications de plus d’une