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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/105

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Elle est roturière en diable, et ne veut fréquenter que des nobles : excès. Elle dit du mal, à huis clos, de la République et elle vit sur une terre républicaine : excès. Elle parle toutes les langues, elle sait tout : excès. Elle demeure honnête en détaillant les scandales du voisin : excès ! Elle incarne absolument votre Paris d’aujourd’hui, plein des méprisables chiffons des femmes vendues et des harangues trop longues de garçons dont les noms sont des pseudonymes : excès !

Il parlait très lentement, pour lui, oubliant que Berthe était encore presque une enfant. Celle-ci, le front penché, n’osait l’interrompre et considérait ses phrases comme des amis inconnus. Les battements d’ailes de ces pensées un peu élevées l’étonnèrent et la charmèrent, et pourtant elle n’en saisissait bien que le sourire de Maxime.

— Je suis curieuse, Monsieur, fit-elle en lui offrant un gracieux sourire, de savoir ce que vous pensez de nous.

— De vous, Madame ?… des femmes qui ne sont pas Olga Freind ?… Mon Dieu… les cheveux blonds me semblent de beaucoup supérieurs aux cheveux noirs… et le mauve leur sied à merveille… est-ce là ce que vous désiriez savoir ?

— Je ne demande pas un compliment, murmura Berthe tout interdite.

— Madame, je suis amoureux de toutes les femmes qui ne sont plus… particulièrement de ces petites créatures, un peu jolies, que l’on retrouve