Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/120

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— Vous la connaissez, on la dit d’une coquetterie effrénée ; nomme-t-on ses amants ?

— Je l’ignore, Monsieur.

— Allons donc, cher comte, n’allez-vous pas chez les Soirès ?

— Ce serait une raison, Monsieur, pour que je m’abstienne de compter les amants de cette jolie personne.

— Jolie personne, en effet !… Ce soir, elle est absolument merveilleuse.

— Eh bien ! non, mon cher Monsieur, elle est tout naïvement ridicule !…

Et le comte de Bryon se dépêcha de tourner le dos.

Olga Freind descendait l’escalier intérieur qui conduisait au buffet lorsqu’elle croisa le Colin.

— Comment ! vous êtes en diseuse de bonne aventure, mais ça n’a pas de sens, ma chère, murmura le gommeux d’assez mauvaise humeur, il y a ici dix tireuses de cartes au moins… On va vous prendre pour n’importe qui !… À propos, le comte de Bryon, l’homme au gant rouge, déclare que madame Soirès est ridicule… Elle a pour soixante-mille francs de bijoux sur elle !…

— Tiens !… l’original ! je vais le dire à la petite femme. Intriguons… Merci du renseignement.

Berthe reçut ce coup en pleine coquetterie. Elle devint pâle, elle si rose dès le seuil de ce salon où il était. Puis, laissant son mari se perdre dans la cohue, elle gagna un fauteuil vide, derrière le comte.