Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/127

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sombres, à reflets tantôt verts, tantôt bleus, l’intimida comme l’aspect d’une monstruosité inconnue. Une odeur à la fois douce et forte semblait s’exhaler des dentelles bises voilant les oreillers. Le long des murs, ces plantes aux enlacements puissants qui grimpaient, l’or faux des corniches, la Vénus rieuse et nue debout sur la cheminée, tous les meubles voluptueux de formes répétaient de ces choses qu’un homme, fût-il indifférent, préfère ne pas savoir.

Berthe allait vite, pressée de lui montrer ses nouveaux caprices.

— C’est ici votre chambre ? — demanda-t-il appuyant sur la phrase,

— Et celle de mon mari, répondit Berthe, adorable de candeur ; nous ne nous sommes jamais séparés.

— Ah ! l’amour conjugal n’est donc, pas un amour chimérique ? D’ailleurs, ajouta-t-il, je suis sûr que vos cheveux doivent avoir la nuit une lueur de lune de miel… je vous félicite, chère Madame.

Il devenait tout à fait ironique, car il se promenait dans un poème des plus bourgeois. Quelles petites gens… quoi !… chaque soir ?…

Pourtant ce lit l’horripilait, il aurait mis le feu à la chambre entière si ce n’eût pas été d’un mauvais goût achevé.

Jaloux de qui ? du banquier Soirès ?

— Voici mes livres, Monsieur, opérons un triage !

Elle grimpa, lesté comme l’oiseau, sur une