Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/136

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— C’est trop fort !… Monsieur de Bryon… à genoux !

Maxime fit un imperceptible mouvement d’épaule.

— Berthe, vous êtes une adorable poupée, mais très indigne d’une complaisance d’artiste. Quand je me serai mis à genoux, vous prendrez vos grands airs, vous me désignerez la porte, celle de gauche, là-bas, qui donne sur l’antichambre… Vous m’enverrez me tuer devant votre hôtel, sur le pavé, peut-être encore taché, où mourut celui dont vous ne voulez pas que l’on jase, et vous irez sangloter dans les bras de M. Soirès. Il vous consolera, selon le code. Le lendemain, les paupières battues, vous rirez de nouveau. Eh bien ! je ne m’agenouillerai pas, je continuerai la leçon : Il est entendu, Madame, que vous débuterez par nos maîtres dans l’art des frissons délicats… j’ai nommé…

Berthe poussa un cri ressemblant assez aux jolis jurements des chats que l’on exaspère ; le comte s’arrêta, les yeux sévères, l’attitude froide. La jeune femme hors d’elle, déchirait la dentelle de ses manchettes.

— Je ne veux plus lire, je ne veux plus penser… Jean vaut mieux que vous… tous les hommes valent mieux que vous… Allez-vous-en !

Maxime se leva, très gracieux et très calme. Il prit ses gants, sans affectation, puis en déposa un sur la braise du foyer.

— Supposez un instant, chère Madame, que je vienne de toucher ma propre blessure. Me voilà