Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/15

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la table d’en face… il paraît que j’écris tout haut maintenant.

…La névrose se manifesta…

« Ah ! il y a une névrose… » demande M. Monnier inquiet « … c’est bien vite amené ! »

Ce diable d’homme !… il a deviné que je passais peut-être quelque chose.

« … Par une de ces nuits de mai pendant laquelle la petite, assise devant sa fenêtre ouvrant sur le lac aux grenouilles, songea que tout ce qui finit est bien court, selon saint Augustin. Douze saules pleureurs autour d’une mare dont le fond est limoneux est-ce assez de spectateurs pour quelqu’un qui chante les partis à la guer-rr-re ? ou encore le plaisir de trouver son institutrice (Rachilde avait pour maîtresse d’école une demoiselle pieuse et douce qu’on nommait Eugénie Sauvinet), la plus grande artiste de la contrée ? Non !… faire des sonnets à son institutrice pour qu’elle vous punisse peu ou vanter les vocalises du rossignol « sous la feuillée », n’est pas toujours le comble de la gloire.

Et puis… la famille se querelle trop, décidément, se disait Rachilde, je voudrais voir des tas de gens qui se disputeraient sans nous. Car c’est si joli les disputes… de loin ! Je voudrais avoir une chambre verte et trois chevaux blancs… Quand j’ai fini d’écrire… je suis fatiguée d’être assise et n’ai pas envie de me remuer cependant. Je voudrais sans faire un pas voir un monde entier, je voudrais porter des cols non amidonnés ; mes cols me déchirent le cou ! Qui donc voudrait penser pour moi ? Je suis bien grande pour jouer aux barres avec mes paysans, je suis encore petite