Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/204

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gnante dans la voix que Maxime comprit qu’il ne pourrait insister sans l’outrager.

— Alors ? fit-il, écartant un peu le brocart bleu, puis il passa sa main longue et exsangue comme une main de prélat.

Elle se précipita sur cette aumône faite à son pauvre amour.

— Alors… ne m’avez-vous pas dit un jour que les morts reviennent ? dit-elle.

Et elle baisa la main tendue en l’inondant de ses larmes.

Le comte de Bryon sonna vivement, il avait perçu le bruit d’une porte se refermant et il ne sentait plus sur sa main qu’une humide fraîcheur.

Yvon, le valet de chambre arriva. Le comte lui fit signe de s’approcher,

— Elle est partie, cette dame en noir ? lui demanda-t-il.

— Je ne vois personne ici, répliqua Yvon faisant d’un regard le tour du boudoir.

À voix très basse, le comte eut une explication avec son domestique et celui-ci s’élança du côté du salon.

— Madame la duchesse peut revenir, annonça-t-il d’un accent ému.

Maxime, lui, avait la fièvre.

— Je l’envoie chercher mon médecin, déclara-t-il, tandis que la vieille dame, le maintien composé, reprenait sa place au chevet de son favori.

Berthe, une fois sur le quai d’Orléans, marcha droit à la Seine et s’accouda sur le parapet. Le