Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/227

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Berthe, saisie d’un retour à la piété comme en ont souvent les caractères passionnés mais faibles, eut l’envie de se confesser au vieux curé de Langarek. L’enthousiasme de ses gardiens ne connut plus de bornes. De respectueuse qu’elle restait toujours, Anne devint expansive.

— Madame, vous ferez plaisir à M. le comte ! s’écria-t-elle avec une joie qui partait du cœur.

Berthe se confessa. Le vieux prêtre, un peu paysan, un peu sourd, ne comprit même pas ce qu’elle lui disait des orages de sa vie et il lui donna l’absolution paternellement.

Elle communia, les bras croisés sur sa poitrine, chaste amoureuse, croyant de bonne foi n’attendre que son Dieu.

Au retour de l’église une récompense lui était réservée : le portrait du comte Maxime, mystérieusement envoyé la veille, avait été installé dans sa chambre bleue.

Elle poussa un cri d’indicible bonheur, puis glissa toute bouleversée sur son lit.

— Oh ! que j’ai mal ! dit-elle à Yvon.

Et elle se tenait la taille comme si le plaisir qu’elle éprouvait lui eût tout à coup déchiré les flancs.

Anne était accourue. Elle fit sortir Yvon très penaud, car il avait trouvé l’idée de cette surprise, et elle s’empressa de dénouer la ceinture de la pauvre enfant à demi pâmée. Berthe demeura jusqu’au soir en tête-à-tête avec le portrait, pleurant et