Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/251

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fleurs trop épanouies, et des jonchées odorantes couvraient les sentiers. Sur le nid des mouettes, un pêcheur causait avec une jeune fille portant le joli costume des environs de Saint-Brieuc, le corsage décolleté, la chemisette fine et le bonnet clinquant. Le pêcheur avait des boutons de métal à sa veste de bure, il riait très fort, la paysanne se défendait mollement : ils s’embrassèrent.

L’heure de la messe sonnait au clocher du village.

Berthe, le cou tendu, attendait toujours le facteur, dévorée d’une impatience fiévreuse… Le chemin de Langarek passait devant le pavillon, il fallait absolument qu’il vînt de ce côté. Les sabots d’un cheval résonnèrent soudain dans les ornières durcies, un cavalier traversa ce chemin.

Berthe poussa une exclamation de stupeur : c’était le comte Maxime qui passait, sans se douter qu’elle le voyait, car il tenait les yeux fixés au loin, dans la campagne lumineuse.

Il allait au pas, sa silhouette noire se découpait sur l’azur, très nette, très fière. Quand il fut juste en face du sapin, il étendit une main au-dessus de la haie bordant la route et jeta son gant avec un geste d’adieu. Puis le cheval, un magnifique cheval arabe, sentant qu’on le pressait du genou, s’élança au galop.

Berthe s’était dressée, les bras en

avant.

— Maxime !… s’écria-t-elle.