Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/253

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mieux le contempler, s’imaginant qu’elle le voyait rouge ; alors elle s’agenouilla d’un mouvement machinal.

— Mon Dieu ! gémit-elle, ayez pitié du petit enfant… ayez pitié de lui !…

Elle s’affaissa sur le sol, le corps tout tordu dans un spasme convulsif. Yvon restait à l’intérieur du pavillon causant avec Anne de l’événement inattendu.

— Pourquoi diable M. le comte est-il passé de ce côté ? disait le valet de chambre de mauvaise humeur.

— Elle n’en est guère joyeuse, notre jeune dame, et il n’a même pas regardé, hein ?

— Pas un coup d’œil ! droit comme le saint sacrement, c’est un fier homme… Nous autres, nous ne serions pas si vertueux !

— Dans son état, voilà qui l’assassine, ça finira mal, mon pauvre Yvon… une triste amourette !

Yvon ne répondit plus, il se leva du banc sur lequel il était assis et prêta l’oreille.

— On dirait que j’entends pleurer !

À peine eut-il proféré ces mots qu’une grande ombre s’avança dans le vestibule, un homme portant Berthe renversée sur son épaule entrait d’une allure impérieuse.

— Vous pouvez appeler une sage-femme, il est temps, leur dit-il avec un étrange sourire.

Yvon faillit se précipiter du côté d’un fusil de chasse accroché au mur. Anne se signa, les dents