Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/259

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journalistes sont de bons garçons, cassez du sucre, Messieurs ! entre artistes… n’est-ce pas ?

Et ces réflexions, jetées tantôt sur un ton aigu, tantôt sur un ton rogue, contribuaient à l’animation générale.

Madame Cachard était gaie parce que le poète Desgriel était venu, un héros dans le journalisme (aussi dans les alcôves) et avec lui le comte Maxime de Bryon, un héros dans le scandale.

Toutes les femmes étaient gaies à cause de ces deux hommes. Il y en avait beaucoup… de femmes devenues d’aimables aventurières : une comtesse ayant dû épouser le troisième empereur, la veuve d’un Cacique, les deux filles d’un chanteur d’opérettes, Olga Freind, vêtue d’une flanelle galonnée d’argent, puis la perpétuelle mademoiselle Sivrac, la magnétisée des amateurs, maigre, chétive, devant tourner très mal un jour.

Une masse de gommeux ornés de noms sonores, voués aux amours platoniques par principe et aux théories magnétiques par sadisme, le sadisme à l’état latent qui fait désirer les viols sur des filles endormies, sans, du reste, permettre d’y aboutir ; des vieux regrettant l’empire derrière les fauteuils, des républicaines à effet, M. de Cossac, le général retraité, un solide galantin, le vicomte de Raltz-Mailly possédant en toute propriété la moitié d’un cheval de courses et aspirant à l’autre ; enfin un nombre incalculable d’artistes dans le genre de savoir souper le ventre vide et en ajoutant d’un air froid :