Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/37

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d’un regard un peu moqueur, mais rempli d’un bonheur ardent.

— Comme vous êtes belle ! Comme vous sentez bon !… et comme l’on vous aime, ce soir !… dit-il.

Machinalement elle tendit la joue.

— Sans doute… je t’assure que je suis très tourmentée… Si tu me laissais lui envoyer quelque chose de doux qui le fasse partir de cette rue ! Je l’ai vu passer derrière une voiture… en relevant un store du balcon, cela me fait trembler !

— Ce n’est pas vrai, Mi-chat, vous ne tremblez pas !

— J’ai des frissons intérieurs… Songe ! il va être minuit.

Je t’ai déjà expliqué que ce n’est pas ta faute, puisque tu ne lui as jamais ni parlé ni écrit. Tu auras balancé quelque éventail de droite à gauche, ou ri en mettant ton doigt sur ton front… La belle affaire ! Je te connais… tu as les coquetteries dans le sang… aujourd’hui, le sang se mêle à tes coquetteries… Tant pis… pour lui… parbleu !… Soyons complices… frissonnons un peu ici ; mais revenons vite, car il est question de magnétisme là-bas et ils vont recommencer leurs folies habituelles… Une étrange vogue, ce magnétisme ! quand on croit qu’on n’en fait plus, on en fait encore !… Le docteur Meauze a voulu m’entreprendre… alors, me sentant devenir idiot… je me suis sauvé…

Il avait laissé Berthe sur le lit de repos et allait et venait par la chambre, dérangeant les sièges ; on