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Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/59

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donnait de l’orgueil, mais par amour de la femme coquette. Jean, le rustre, désirait follement les femmes faciles qui savent encore être impertinentes. Sa force physique recherchait volontiers les ruses perverses des maîtresses indépendantes, et tout en doutant, comme il sied, de la vertu, il attendait les risques d’un assaut en frissonnant de plaisir. À sa première soirée, il avait eu le vertige… si c’était là le monde que les camarades représentaient dédaigneux, il ne le reconnaissait vraiment pas. Son éducation, très négligée, se trouvait être l’éducation du jour. Cheminade-les-Haies ne lui faisait aucun tort. Verbe haut, poignées de mains, éclats de rire, mouvements brusques, et secouements des épaules se recevaient à merveille. Trop canaille, au fond, pour ne pas comprendre que sa banque lui servait de garantie, il eut naturellement tout de suite le mépris du Parisien, mais la Parisienne décolletée lui resta très avant dans le cerveau comme une image consolante.

Il fut épris successivement de toutes les femmes qui aiment, dans l’homme en habit noir, le fort de la Halle, c’est-à-dire de toutes les mondaines de Paris.

Peu à peu l’élément féminin se glissa dans sa vie au même titre que l’indispensable cliquetis de son or.

Aux solides appétits du paysan il joignait une rouerie commerciale l’empêchant d’avoir du cœur, ou, ce qui est mieux, des idées artistiques… Il était toujours sans scrupule, aussi le trompait-on rare-