Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/74

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jusqu’à la main verte. Il prit une mine déconfite.

— Je ne veux pas vous faire pleurer… mangez vos bonbons sans crainte, je ne reviendrai jamais, voilà tout !

L’enfant secoua la tête.

— Pourquoi ? demanda-t-elle

— Pourquoi !… vous seriez donc coquette, ma toute petite gamine ?…

C’était en vain que Jean essayait de se soustraire à la fascination qu’exerçait cette empreinte grotesque… il respecterait la mignonne malgré leur solitude… le doigt de la mère était là, obstiné, menaçant, vert, enfin vert à faire fuir. Une vraie malédiction !…

Berthe ouvrant son sac de pralines.

— Si j’étais sûre que vous m’épouseriez un jour…

— Eh bien ?

— Je ne dirais rien à maman, car vous ne me paraissez pas méchant, Monsieur !

Soirès allait risquer une nouvelle tentative lorsqu’une clef grinça dans la serrure. Madame Gérond parut.

— Ah !… c’est vous, notre sauveur… ce bon Monsieur Soirès, cria-t-elle du seuil ; je le tiens, notre secret… oui !… je crois le tenir !… et grâce à vous. Cette misérable concierge qui ne me disait pas que j’avais une visite !… figurez-vous, Monsieur, je n’ai mes lettres qu’à quatre heures de l’après-midi, sous prétexte que je vide mes eaux de tein-