Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/87

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Ils se regardèrent un instant, saisis d’un léger frisson, peut-être dû aux fatigues d’une veille trop prolongée, peut-être produit par une crainte superstitieuse… D’un commun accord, cependant, ils ne parlèrent pas de lui.

Jean prit un long baiser à sa femme.

— Oui, dit celle-ci détournant le front, je ne suis pas fatiguée… j’ai à peine dansé. Dis-moi vrai, ajouta-t-elle d’un ton sérieux, est-ce que ce soir cette parure m’allait mal ? Et elle lui tendait un collier de rubis monté sur argent mat d’un travail exquis.

— Tu étais ravissante !… Mi-chat, comme tu l’es quand tu veux. Il est certain que je n’ai pas vu le collier, j’ai regardé la peau.

Il la fit asseoir sur ses genoux et lui appuya le front contre sa poitrine.

— Nous nous aimons, dit-il, tandis que l’expression d’un désir parfaitement sincère lui convulsait les traits.

Elle s’échappa avec légèreté, ramassa tous les bijoux en un seul tas, et les jeta pêle-mêle dans une boîte, puis elle passa un peignoir.

— Là… murmura-t-elle, j’avais hâte d’ôter ma vilaine robe.

Et elle poussa du pied les splendides étoffes qu’elle venait de quitter.

— Peste ! dit Soirès, la vilaine robe !… de trois mille francs… hein ?

— Bah ! riposta Berthe secouant ses Cheveux,