Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dressé tout à coup et emprisonnant les petites mains de Berthe dans sa large main.

Une rougeur légère teinta sa pâleur habituelle.

— Tu n’es pas jaloux… alors j’ai le droit de me laisser admirer.

— Comme j’ai celui de savoir arriver à temps ! murmura Jean dont le ricanement eut je ne sais quoi de féroce. Il voulut l’entraîner du côté du lit.

— Non !… dit de nouveau Berthe mécontente.

Le banquier alla s’asseoir en face d’elle.

— L’heure des revenants n’est pas encore passée… soupira-t-il ; pourvu qu’elle ne dure pas jusqu’au soir !

— Jean, fit-elle, très soucieuse, je veux rester seule, c’est là un caprice que tu devrais respecter.

Alors Soirès se leva brusquement et se retira chez lui.

Au déjeuner, qui eut lieu vers midi, Berthe se montra vêtue de violet.

Jean ne prononça pas un mot.

Il vint, plus tard, quelques visiteurs s’informer du malaise de la veille. La jeune femme les reçut dans son boudoir assombri par les rideaux tirés.

Le banquier profita de cette disposition pour courtiser discrètement une jolie femme venue aux renseignements.

À cinq heures, le salon était presque plein.

Chacun évitait de parler de l’accident et tout le monde s’était donné rendez-vous pour en entendre parler.