Page:Rachilde - À mort, 1886.djvu/94

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commençait ainsi beaucoup de phrases sans juger à propos de les finir.

— Les femmes sont mal habillées, en province, déclara Berthe avec son aplomb coquet. Elles portent jaune ce qui ne peut se porter que rose. On dit qu’il y a de beaux arbres… et c’est tout.

Maxime eut un sourire froid. Il cherchait certainement un prétexte pour se retirer.

— Caderousse est un bon cheval, reprit Berthe ; mon mari se propose de le monter demain, après le déjeuner. Ce sera une partie à trois, je vous prêterait Issachar. Moi, j’ai une jument merveilleuse de douceur et de grâce.

— Je vous remercie…

Alors, comme n’y tenant plus, Maxime se dressa, fit un salut distrait et gagna la porte. Un moment, il demeura debout près des battants, considérant cette cohue brillante de tous ceux qui buvaient le vin de Soirès.

— Hum ! se dit-il, la cour est digne de la reine ! Une troupe d’imbéciles, un petit mannequin bien articulé, et il faudra que je revienne !… par éducation car ils me sont tous indifférents, ces gens !… S’il est vrai que ce suicidé ait aimé madame Soirès, je comprends son plongeon dans la mort.

Elle, Berthe, souriait, ivre d’elle-même.

— Je suis sûre qu’il m’a trouvée mieux… C’est le fard des blondes, le violet.

On continuait, dans ce salon, les observations à voix basse.