Aller au contenu

Page:Rachilde - Alfred Jarry ou le surmâle de lettres, 1928.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

190
ALFRED JARRY


vants (il en reste peu). Le sous-préfet, M. Madeline, en littérature, était un homme charmant, un poète, un esprit des plus fins, qui admirait Ubu-Roi de loin et qui, la première fois qu’il reçut à dîner son auteur, faillit en tomber, officiellement, de son haut. Alfred Jarry alla fièrement à la sous-préfecture en costume de cycliste (il n’en possédait point d’autre) et pieds nus sur ses pédales parce qu’il avait pendu derrière son dos ses souliers les plus reluisants, histoire de ne pas les salir dans les flaques du hâlage, le plus ignoble chemin qui puisse exister dans toute la France.

À propos de ce chemin, son ignominie existe encore malgré l’ère nouvelle des autos, et tous les ans, M. le sénateur Bluysen, autre officiel charmant, demande à tous les échos des réparations, tant pour les mules des mari-