Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/126

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je vais agir pour abattre mon ennemi ; je flanquerai le Monsieur par la fenêtre, je pincerai le nez de la Dame avec deux griffes de fer, et, quant au sergent de ville, avant qu’il puisse me mettre la main sur l’épaule, il aura l’impression bien nette qu’un chat enragé ne s’arrête pas ! Frapper d’abord et passer ensuite pour atteindre mon but. Si j’avais employé ces moyens dans ce qu’il est convenu d’appeler le métier littéraire, j’aurais probablement fait un arriviste de premier ordre. Chose étrange : ce n’est pas à mon profit que ces… capacités s’exercent. Je ne défends qu’une cause qui, en apparence, n’est pas du tout la mienne. Je ne cherche pas à légitimer mes violences par un droit moral. Je ne reconnais, en cessant de me connaître, que les liens mystérieux me rattachant, corps et cerveau, à l’animalité. Cette sorte d’inconscience est-elle saine ? Je crois que oui. Ma parfaite santé est une morale qui en vaut une autre et qui n’est pas, hélas, à la portée de tout le monde… C’est pour ces différents motifs que j’ai intrigué des savants, curieux de névroses