Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/201

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Est-ce que c’est vrai qu’on y gagne ce qu’on veut ? Elle est la petite bonne et la nièce, en même temps. Sa tante ?… « Vous y fiez pas, Madame, elle a l’air doux, mais elle a sa tête, allez, une rude au travail qui ne permet pas de flâner ; je suis partout à la fois, ici, à la cuisine, au marché, au jardin, à l’étable… et puis, vous ne savez pas, ma tante… elle est bouchère… oui… depuis que l’oncle est parti aux armées, c’est elle qui tue… » À mon tour, d’être étonnée : « Une femme ? Et elle en a la… force ? » — « Oui, Madame, aussi vrai que le jour nous éclaire. Elle est douce, pas colère, pour ça, non, elle ne crie pas, mais elle abat l’ouvrage comme un homme… et un veau avec. »

Ou a beau dire ! la vie n’est pas simple en temps de guerre. Puis on me raconte l’histoire des boches. C’est mon éternelle chance… ou ma particulière persécution. Toutes les femmes, après cinq minutes d’entretien, me confient un secret de la plus haute importance. Je démêle, tout en ouvrant les tiroirs d’une commode, qu’un espion boche demeure au