Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/225

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elle savait conserver son intelligence à l’abri de la tentation malicieuse. Combien de fois j’ai eu recours à son jugement pour connaître une page littéraire à sa juste valeur ! Elle tombait sur le défaut, le vice de l’argument et mettait sûrement l’index de sa critique à l’endroit sensible et ne critiquait pas !…

Elle dit, ce jour-là : « Il nous arrivera quelque chose de bon. Il est impossible qu’il n’arrive pas du bien après tant de mal. »

« Ce serait logique, mais, pensais-je, il n’y a que les choses logiques, hélas, qui n’arrivent pas dans la vie de la guerre. Quand nous faisons un pont de bateaux, la rivière déborde et emporte le pont. Or, les rivières n’ont pas le droit de déborder en été. »

Et du temps coula sur nos fronts comme une eau tiède…

Un homme passa, un soldat, à bicyclette, rapidement, revint sur ses pieds, conduisant sa machine d’un air de quelqu’un qui cherche un renseignement, puis s’adressant à ma réfugiée, la mieux mise de nous deux parce qu’elle avait le plus grand ordre dans ses vête-