Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans règlement. Sachant un peu tout faire, il quittait un travail pour un autre et sautait brusquement d’une entreprise possible à une idée peu réalisable. Il fit un pressoir à cidre qui perdit la moitié de sa récolte, au lieu de l’aller porter à presser chez le voisin, et on but, en une semaine, cinquante litres de pur jus gâté, pas nous, lui, car nous, nous ne buvions que de l’eau. À tout instant il montait chez moi me demander une petite somme que je ne lui refusais certes pas, mais il me mit à sec et m’obligea, parce que je ne voulais pas que l’on sût, à me défaire de deux jeunes Chonchons. Après avoir montré des rats, j’en vendis. (En temps de paix, la race curieuse que j’avais créée sans le vouloir valait son poids de curiosité, en or.) Oui, j’ai vendu deux rats, petit couple drôlet, parce que je n’aurais jamais pu dire comment disparaissait mon budget. J’avais fait venir le fond de mes coffres ; les flanelles blanches, les lainages de couleur pour les enfants. Je m’aperçus, que, de son côté, la femme vendait ces étoffes, précieuses en temps de guerre,