Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/252

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Ça va compliquer un peu les choses, parce que j’ai probablement épargné le malfaiteur qu’il aurait fallu abattre pour posséder la clé du mystère. Ici, deux femmes seules, dans ce désert, sont à la merci du premier bandit venu et, en temps de paix, j’ai déjà dû me défendre contre le cambrioleur un peu trop assuré de tous les droits de l’homme, au moins quant à la propriété, qui est le vol, comme chacun sait. Chose curieuse, c’est en temps de guerre que je répugne à me servir d’une arme à feu !

Il était une heure du matin et il y avait du brouillard. Je me suis levée, entendant gronder les chiens, de leur particulier ton sourd qui m’indique le danger tout proche. J’ai ouvert très doucement mes volets pour consulter Mina et Rip. Ils étaient tous les deux plantés devant leur porte, la tête basse, flairant le dessous, en grognant avec de brefs petits abois rauques, et nous nous interrogions de temps en temps du regard. Leurs yeux devenaient presque rouges dans l’ombre et le murmure du fleuve, coulant si près, avait l’air