Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/258

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canard blessé. Le brigadier avait un superbe pantalon de coutil blanc. Mon bateau était sale, naturellement, puisque je ne veux pas qu’on l’écope et qu’on le nettoie. « Oh ! là ! là ! s’est exclamé le bon gendarme, qu’est-ce que je vais prendre pour mon fond de culotte ? Chien de métier ! Dites donc, Madame, si que vous me prêtiez les vôtres ? Ils ont l’air d’être de police, ces toutous ! » J’ai fait la moue et j’ai soigneusement verrouillé la barrière. « Non, Monsieur le gendarme, je ne vous prête point mes chiens avec le bateau, parce que si vous avez des inquiétudes pour votre pantalon… elles seraient justifiées en la compagnie de Rip et de Mina. Ils ne font aucune différence entre un gendarme et un malfaiteur. » J’ai vu, au regard de coin du représentant de l’autorité, qu’il n’était pas plus fier que ça du rapprochement.

Eh bien ! elle a ri ! Pour la première fois, son rictus maladif s’est élargi jusqu’au sourire franc, puis jusqu’au fou rire. J’ai ri, non moins. C’était à cause du gendarme qui revenait orné d’une énorme lune noire sur son fameux