Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/270

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— Mais tous ceux-là sont partis dans l’espoir que cet avorton aurait la paix éternelle, alors que c’est eux qui l’ont obtenue. Il ne faut pas trop exiger. Il dort, ce petit, dont les yeux sont à peine ouverts. Laissons-le dormir… en paix momentanée. C’est toujours cela de pris sur l’ennemi !

Elle me désigne toutes les tombes qui se chevauchent, vagues de la mort sur les anciennes vagues de l’assaut, et je suis mal à l’aise, frappée de l’immensité de l’effort pour le minuscule résultat. Est-ce qu’en réalité, la vie serait une piètre chose ? Et ne faudrait-il pas la mépriser ?…

La voici qui saisit un anneau lourd et rouillé, son moyen de transport, d’accès à la surface, son chemin pour apparaître ou se dissimuler au gré de son caprice et qui est, en même temps, la preuve de son manque de liberté, puisque c’est le commencement ou la fin d’une chaîne…

… Elle s’enfonce peu à peu dans l’obscurité du puits. Je l’entends bourdonner, comme une abeille d’or tout à coup devenue noire,