Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/80

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vée à leur dure école, celle de Saumur dont mon père était premier écuyer), je me dis : « Il ne s’agit plus d’encenser. La bride en soie et le mors d’argent ne sont plus de saison. Quel genre de tombereau vais-je tirer ? » Aucune corvée ne me répugne, à la condition qu’on me rende la main et qu’on ne s’avise point de se la faire sur moi administrativement. Ça, jamais ! ou je flanque tout le monde dans le fossé selon les principes encore plus élémentaires que ceux déclarés immortels. Être utile ? Ah ! si chaque individu, sans se soucier de l’opinion du voisin, sans se demander le nom du ministre de l’intérieur, savait s’utiliser lui-même et se contenter du département qu’il connaît bien, quelle société on réaliserait, sans meneurs, sans bavards, sans députés vinicoles, ayant pour président de république l’unique direction de la conscience. Qui donc, chez nous, fait son métier, rien que son métier ?

Rentrée chez moi, j’allai contempler la voiture, la sans chevaux abandonnée sous le hangar, l’auto grise, ce lourd pachyderme