Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/22

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Placée au bas d’une colline, elle s’accotait à son flanc, dans une prairie rase comme un velours, devant une terrasse dominant un miroir d’eau profond, alimenté par sept sources ne tarissant jamais, et cette eau serpentait en ruisseaux capricieux, jusqu’à la rivière qui cernait la propriété de douves naturelles.

La vallée de la Jordonne était bien la plus fraîche et la plus mystérieuse de tout le Périgord. En haut, des bois de châtaigniers, de chênes, coiffaient la colline d’une couronne de noire sauvagerie pour accentuer, dans le bas, la grâce tendre et mélancolique des prairies, les lignes souples des saules ombrageant les ondes fuyantes évoquant des silhouettes de femmes pleurant sous leurs cheveux.

Au fond, la route départementale courait, toute blanche, entre deux rangs de peupliers où l’on apercevait, plus ou moins lentes, des voitures : de lourds charrois faisant tinter des grelots qui, dans le lointain, prenaient le son de plain-