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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/145

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— Quel malheur ! Sa mère qui va le retrouver pourri ! Oh ! la pauvre !…

— Nous venions chercher notre eau là-dedans ! Une infection, ma chère !…

— On ne pourrait plus se pencher sans y rendre l’âme !…

— Oh ! c’est une histoire qui me ferait quitter la rue !…

— Moi, je le connaissais bien, je lui ait dit bonjour souvent !…

— … Et moi, je fais cuire mes légumes à l’eau de rivière !…

Le curé, toujours frissonnant, eut un geste de violence.

Les femmes, près de lui, se turent ; mais, plus loin, Joséphine, l’ex-cuisinière des Lordès, une vieille obstinée, continuait à moudre ses paroles, les éparpillant à plaisir comme les gouttes de la pluie. Elle leur contait sa dixième version, la meilleure, car le drame finissait par se dépouiller de réflexions personnelles, tant elle se fatiguait à le répéter.

— Oui, c’est la pure vérité : madame et moi nous étions dans le corridor. La tante de M. Henri marchait la première, devant nous, elle disait : — J’aime à dîner tard. Madame lui répondit : — Nous autres, nous dînons de bonne heure… Et tout d’un coup, M. Henri est sorti du salon, les bras levés… Tenez, comme ça ! (Et la vieille levait ses bras maigres en les agitant.) Il était blanc