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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/195

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— Comme tu voudras, répliqua le jeune homme gracieusement penché ; mais je cherche à te prouver que je te suis tout dévoué, que je t’aime enfin !

— Alors, déclara la jeune femme les dents serrées, tu ferais mieux de ne rien dire.

Cette fois, elle lui coupait la parole d’un accent si bref qu’il eut un regard effrayé.

— Tu préfères toujours les actes ? souffla-t-il en essayant de l’enlacer. Laure se déroba, remonta son corsage, l’air hautain.

— Et l’ombre de ma mère ? ricana-t-elle.

— Petite boudeuse !…

Il s’agenouilla, tenant ses poignets, les yeux chargés d’une langueur point du tout feinte.

— Nous allons nous séparer… ce n’est pas gentil !…

— Pourquoi nous séparons-nous ?

— Mais, parce que je ne puis pas abandonner ma famille complètement pour ma maîtresse. Voyons, Laure, il est donc impossible de raisonner avec toi ?

— Je ne sais pas raisonner, Henri, je me donne ou je me refuse…

— Et, à cette heure-ci, tu te refuses !

— Oui !

Henri, trop galant homme pour se livrer à une lutte vulgaire, se redressa, passa ses doigts fébriles dans ses cheveux, et ouvrit la croisée. Une minute, le bruit de la rue secoua la chambre, étourdit leur