Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentait ses genoux se dérober sous lui. Pas moyen de fuir, il serait tombé dans les abîmes des toitures, et pas moyen de refuser de la suivre : un fil qu’il essayait de casser sous ses doigts frémissants l’attachait à la rusée femelle. La coureuse des gouttières traînait le mâle après elle, car elle embaumait le musc ! D’ailleurs, il avait trop désiré les jolis jupons de soie qui font « froufrou », dans ses rêves abominables, il fallait qu’il fût puni.

— Bibi est foutu ! formula-t-il intérieurement.

— Où faut-il passer ? bégaya-t-il en crispant ses ongles sur sa robe de velours noir, molle et sombre comme cette tiède nuit printanière.

— Par ce trou ! murmura-t-elle, lui montrant l’ouverture béante.

Il aurait maintenant passé par le « soupirail de l’enfer », selon une expression chère à Alexandre Dumas, dont il connaissait tous les drames.

Avant de se hasarder, ils écoutèrent et se penchèrent.

Ils perçurent un bruit de pas précipités, des lumières s’allumèrent successivement, le fond brumeux s’éclaira, et les splendeurs de la chambre jaune rayonnèrent aux yeux éblouis du pauvre garçon. Il descendit le second, tenant toujours sa robe.

Henri, réveillé par le bruit de ces mules talonnant le vitrage, le bruit des voix et des éclats de rire, s’était jeté à bas de son lit en se doutant bien que quelque scandale se préparait. Ou les con-