Aller au contenu

Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’osant pas prolonger sa cour puisqu’elle était encore souffrante,

— Je pourrai revenir de temps en temps ? demanda-t-il, se dandinant une jambe sur l’autre, la physionomie boudeuse.

— Tous les soirs, si tu veux, et tu me rendras réponse demain.

— Oui, c’est décidé, j’irai là-bas, je m’informerai ! une vilaine corvée, mademoiselle Laure !

— Qui te dit que je ne tiendrai pas mes promesses, moi ? murmura-t-elle lui tendant la joue.

Il se sauva pour éviter de faire des bêtises.

Le lendemain soir, il arriva plus tôt, bondit simplement du toit au parquet de la chambre, et, d’emblée, lui rendit compte du résultat de sa mission :

— Voilà, il est déménagé, votre monsieur Alban, il est allé se marier chez lui, en province, qu’on m’a raconté. Vous désolez pas, hein ! Moi, j’ai mon sacré bonhomme d’oncle, je peux guère durer ici.

Elle était devant sa glace, tressait sa chevelure : elle répondit, impatiente :

— Je savais bien, est-ce que tu as besoin de prendre cette figure d’enterrement ?

— Ah ! mademoiselle Laure, vos yeux sont brillants, vous pleurez…

— C’est le reflet de mon miroir, bête, va-t’en si tu es pressé !

— Alors, je vous gêne ?

— Tu vois bien que je m’habille !