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Page:Rachilde - L’Animale, 1923.djvu/40

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III

Laure eut une maladie de langueur vers sa dixième année. Elle ne mangea presque plus, recherchant des mets impossibles, des crudités ou des gâteaux dont elle avait l’envie juste à l’heure du potage. Sa mère ne lui laissait pas, comme on dit, poser les talons par terre ; elle s’ingéniait à lui découvrir un quinquina point trop écœurant. Son père lui tâtait le pouls avec une émotion cérémonieuse qu’il ne prenait pas la peine de dissimuler, et qui impressionnait la fillette, la faisant se replier de plus en plus sur elle-même. On supprima la classe, le catéchisme, les visites, les courses à la ferme qu’on possédait du côté de Pivasse, un hameau proche d’Estérac ; on supprima les leçons de piano, les cours de dessin et l’apprentissage de la broderie chez la lingère voisine.

Il aurait fallu peut-être remplacer tout cela par des leçons de gymnastique ; mais, à Estérac, la