Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/135

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rait souhaitée. Il y régnait une température délicieuse et, à part une forte odeur d’alcool se mariant à la senteur d’un animal cornu, chèvre ou bouc, errant dans la pénombre, il pouvait y faire bon pour des êtres primitifs ne rêvant pas d’une autre alcôve. Stephen aurait bien voulu fuir, mais il était trop tard. Il lui fallait escorter sa protectrice sous peine de passer pour un pudibond.

Une petite bonne rousse, criblée de taches de son, l’air craintif et résigné, leur servit, en des verres d’une épaisseur de hublot de transatlantique, des mixtures assez singulières additionnées d’une eau glaciale tirée du puits souterrain.

— Je voudrais de ce fameux lait qui… déclara Lionnelle en relevant sa voilette, et elle eut le sourire.

Alors, son visage brun aux yeux de turquoises prit une relative pâleur dans cette salle voûtée dont le fond semblait la nuit d’un cauchemar. Il éclaira des hommes mieux que les pierreries de son col de loutre. On perçut des souffles rauques d’autres animaux peut-être encore plus sauvages que ce bouc dardant ses cornes noires.