Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/149

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Madame. Tout ça, c’est des cambrioleurs !…

Lionnelle, attendant aussi le déjeuner, était en train de se faire les ongles et, son polissoir à la main, elle reçut Charlotte en bâillant un peu :

— Charlotte, je meurs de faim. Qu’est-ce que le fox a donc à aboyer ?

— Madame, débita Charlotte tout d’une haleine, il y a que, chez la mère Fonteau, on connaît Madame et qu’on en parle sans respect. Vous m’avez dit d’aller y chercher la volaille et les œufs, et c’est plus cher qu’ailleurs, bien sûr ; mais, aujourd’hui, ces gens-là m’ont posé des questions… Madame connaît ma discrétion en tout. Il y en a même un qui m’a emboîté le pas… histoire de vous vendre lui-même des cailles. J’ai prévenu ces messieurs en bas pour qu’ils serrent l’argenterie ! Voilà.

Lionnelle se leva d’un bond. Elle avait un léger déshabillé de surah rose voilé de Valenciennes et une large ceinture bleu ciel. C’était, en elle, comme le jour qui se levait.

— Mes cailles ! cria-t-elle en frappant dans ses mains. Je veux mes cailles !

Tout à coup détendue, elle éclata de rire.

— Oh ! que j’aurais voulu voir la scène entre