Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/184

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tre, il n’ignorait rien du merveilleux papillon qui se dissimulait sous cette chrysalide. Il se trouvait heureusement forcé au respect parce que cet enlèvement se passait au milieu du jour, à la face de tous. Elle lui avait laissé sa main gantée comme on tiendrait un enfant pour lui épargner la crainte d’une chute. Et, subitement, le rustre fut dépouillé de sa brutalité coutumière, de son ombrageux orgueil d’étalon. Il redevint vraiment le gamin de douze ans ébloui des splendeurs du château de Coulance, une demeure seigneuriale, et comme il en connaissait tous les détours, tous les fourrés, il en avait fait les honneurs à sa dame, en possesseur qui offre.

Lionnelle et Simon se crurent, un après-midi de silencieuse extase, les maîtres de ce château, celui de la belle au bois dormant, car les demeures seigneuriales de France ont toujours l’air innocent de dormir !

Ils se mirèrent aux eaux claires des douves et suivirent les allées voûtées comme des arceaux d’église. Serrés l’un contre l’autre, ayant gardé, debout, la même union de leurs corps souples, l’un tout en soie, l’autre tout en toile, mais presque du même gris neutre, ils avaient