Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/198

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tière ! C’est à ça qu’on reconnaît les vraies duchesses, ma mie, et non pas aux manières sucrées. Ça colle ! Viens ce soir au terrier de notre braco, en passant par le sentier de la corniche, tu sais, le sentier dit : des vaches, vu, d’ailleurs, que c’est seulement les chèvres qui peuvent y monter… et tu verras qu’il y fait plus chaud que dans le ventre d’une grenouille de salon. Mes bons messieurs, excusez du dérangement, je m’en va… ce n’était sûrement pas à vous que j’avais affaire… mais puisque Madame trouve que c’est pas gênant…

Et elle refit sa révérence de l’entrée.

Stephen-Eros, les larmes aux yeux, déchirait rageusement les pages d’un livre. Jousselin pianotait sur les vitres d’une fenêtre, et Jacques Moriel, l’intendant, inventoriait les fleurs du tapis.

— Duchesse, vous n’irez pas ! cria Stephen hors de lui, ou je vous accompagnerai avec un revolver.

— Si tu y tiens, mon enfant ! répondit la duchesse un peu détendue. Je regrette cet incident ridicule, mais je n’aime pas qu’on vienne me mentir sous le nez pour me faire du chantage ensuite. Ce braconnier est un très brave