Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/210

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es douce et je veux être ton amie. Dicte tes conditions ? S’il faut te rendre le cœur de cet homme que tu aimes assez pour… veiller sur moi, je l’essaierai. Veux-tu remplacer Charlotte chez moi, dis ? Tu ne peux pas rester dans un pareil coupe-gorge.

Elle secouait Ida, la tenant aux épaules et froissant ses soieries jaunes comme de l’or liquide, contre la jupe de laine rude de la fille qui l’écoutait, ravie, sans d’ailleurs y comprendre grand’chose.

— Il faut te sauver de là. À mon tour de te rendre l’honneur. Figure-toi que Charlotte prétend… peux-tu me dire la vérité sur cette nouvelle histoire ? Encore un ignoble mensonge ? Charlotte prétend que Simon a voulu…

La duchesse s’emporta.

— Si ce garçon n’est pas absolument net, splendide, entier dans sa noblesse de sauvage, il n’est pas, et je le fais jeter en prison ! Voilà !

— Charlotte ? bégaya la fille médusée par le mot prison, le seul qu’elle saisissait dans toute son ampleur. C’est votre bonne ? Eh là ! mon Dieu ! qu’est-ce que Simon lui a passé, le jour des cailles, quand elle a eu l’idée de lui expliquer que les femmes riches ont le droit de