Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

face au volant, il poussa cependant un grand soupir de satisfaction. Il sortait d’un endroit relativement frais pour se plonger dans un vrai bain d’huile bouillante, mais tout lui paraissait plus normal que cette petite fille de neige auréolée de sa candeur. Cette histoire d’un voyage de noce interrompu par la panne et le défaut total de chambre à louer lui semblait, à présent, la plus atroce des calamités. Et, comme il arrive toujours en pareil cas, il cherchait à qui s’en prendre, ce qui lui fit lâcher crûment cette réflexion :

— Ah ! non ! Quel est l’imbécile qui voudrait être à ma place ? Ça commence à m’embêter. Elle est par trop simple d’esprit !…

…En face de Céline, des glaces, des glaces… Une buée les ternit et, du plafond à caissons grenat, comme des bouches de four ouvertes sur les crânes en ébullition, tombent des douches d’alcools, brûlantes ; s’il est défendu de servir ceux qui tuent, car la guerre a appris à économiser la vie, on n’a pas encore interdit la sournoiserie de l’ivresse qui rend fou de la folie amoureuse, la plus dangereuse de toutes. Ces gens de tous les pays se rencontrent là pour boire le philtre et cherchent, ensuite, à