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Page:Rachilde - L’Hôtel du grand veneur, 1922.djvu/94

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son, très sobre mais bien coupée, avait toute la tournure d’une vieille artiste en travesti.

— Non, Phi-Lu, non. Ne me torture pas avec tes questions idiotes. Regarde-la !… Elle dort et elle est pure comme le diamant. Plus blanche encore que les perles, car la perle change de nuances au contact de la peau humaine. Or, mes baisers n’ont encore rien changé en elle. Celle-là, c’est une petite bourgeoise française de la meilleure des races, c’est un trésor inestimable. C’est cela qu’il faudrait pour faire des enfants à mon pays !

Humblement, sans apparente hypocrisie, le valet de chambre mit un genou en terre et baisa pieusement le bas de la robe de mousseline.

— C’est donc notre future maîtresse ? Gloire à elle !

— Ah ! Va-t’en ! Laisse-moi. Elle va dormir là sur ces coussins et je vais fumer en la contemplant le reste de la nuit. Je n’y toucherai plus. J’en suis fou. Elle m’a ensorcelé.

— Et demain, monsieur ? Quels sont les ordres pour demain ?

— Je te dis de t’en aller, Phi-Lu ! On ne se marie pas à mon âge… Mon congé fini, je dois