Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/137

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Ma robe de cachemire était tout unie ; j’avais mon tablier ordinaire ; seulement, au lieu d’être élégant, il était en soie noire, sans garniture aucune. On m’avait préparé une ceinture-écharpe en étoffe pareille à la robe : je la trouvai trop gracieuse, je repris une ceinture avec une boucle de bois durci. J’ôtai les parements des manches et du col ; je n’y laissai qu’une ruche de crêpe noir, puis, je tordis soigneusement mes cheveux, les lissant le mieux que je pus, n’en laissant voltiger aucun. Je pris de petits souliers sans talons, dont le bout ne passait pas sous la jupe. Je fourrai mes mains dans d’informes gants de peau de castor. Ces gants étaient fort laids ; ensuite, je me regardai encore : vraiment, je n’avais ainsi rien de remarquable. Je pouvais bien passer inaperçue, surtout auprès d’une femme très parée. On a beau dire, mais une toilette savante dispose énormément aux provocations.

Je repris, non sans un peu de plaisir, mon trousseau de clefs ; il me semblait, en le touchant, que je rentrais chez moi, après une longue absence.