Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/139

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que j’avais arrangée moi-même, donnait sur la route de Londres. C’était une fort belle chambre, à côté de celle de mon mari, qu’habitait à présent mon père. Les tentures étaient bleu foncé, les meubles en palissandre et bois de rose. Un épais tapis de moquette couvrait le parquet. Les rideaux de velours tombaient en lourdes draperies autour de l’alcôve et de la croisée ; au-dessus, j’avais disposé des stores de gaze teintés d’azur. De larges guipures frangeaient les rideaux.

Je ne sais rien de joli comme un joli intérieur de croisée. Le jour lui donne un reflet qui embellit toute la chambre. C’est là que les yeux viennent se reposer le plus souvent. Une croisée bien ornée donne un aspect agréable à toute une pièce, si mal meublée qu’elle soit.

Il y avait une chaise-longue des plus confortables ; des sièges bas où l’on eût eu envie de rêver des jours entiers. La cheminée, en marbre blanc, était garnie de deux magnifiques potiches du Japon et de deux vases longs en bronze doré, dans lesquels s’épanouissaient deux camélias roses venus des serres de Brest-square.