Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/146

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que ce n’était pas la peine de se soigner. Je savais, moi, que James avait besoin d’être excité. Sa femme l’aimait en aveugle, hélas ! cet amour ne lui suffisait pas.

Je rendis à ma sœur ses goûts de luxe ; je la forçai de faire, avec son mari, des excursions en voiture, dans tous les environs de Londres. Je ne sais rien de tel que les conseils que donne la belle nature à un homme quand il est à côté d’une jolie femme.

J’obtins qu’ils iraient au théâtre et dans beaucoup d’autres réunions publiques. James refusa d’abord nettement d’y assister ; le fait est que le monde élégant ne devait pas lui plaire. Cependant, il s’y habitua. Ces jours-là, Madge, parée par moi, rayonnait de grâces et de séductions. Elle s’était mise, d’après mes idées, l’éducation de son mari en tête. Elle arriva à le rendre moins rude. Ce qu’il apprit, surtout, à cette école, fut de savoir un peu mieux dissimuler ses mauvais penchants. La jeunesse se polit facilement en dépit des vices de tempérament. Les vices d’entraînement peuvent disparaître au contact de gens distingués : ce furent ceux-là qui s’en allèrent les premiers.