Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/150

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tait, les yeux fixes. C’était un petit jeune homme, chétif, au regard doux et timide ; il avait des favoris blond filasse qui lui donnaient un aspect des plus fades.

Raglle était une découverte du docteur Hortwer. Il nous avait fourni ce garçon pour en faire un contre-maître et, je dois le dire, il n’entendait absolument rien à son métier.

En revanche, Raglle adorait la musique et les morceaux de flûte, en particulier. Pour entendre une mélodie française ou un air de flûte quelconque, il aurait vendu à vil prix tout le fer de la maison. Malgré notre amitié pour Hortwer, nous étions bien décidés à renvoyer ce contre-maître mélomane.

— Mistress, mes sincères excuses ; je me présente d’une façon très incivile. Pardon, mistress, mais je passais, j’ai entendu ces divins accords ; j’allais de M…, chez le baronnet sir Stow, pour une commande, je suis entré inconsidérément… je…

— Allons, répondis-je doucement, je connais votre passion musicale ; vous êtes tout excusé, Raglle.

Je me remis au piano et, pendant qu’il s’en