Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/189

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prétendait que j’en devenais folle. Il était vrai que je prenais des monomanies d’inquiétude tout à fait stupides. Quand j’étais loin de lui, le moindre bruit, le moindre mouvement m’agitait. J’entendais des vagissements d’enfant dans le plus léger frisson du vent. Je ne comprenais pas comment Madge restait si calme ; en revanche, je comprenais encore moins comment James étant, soit à l’usine, soit au cottage, elle craignait sans cesse qu’il lui arrivât quelque chose.

Mon baby était bien plongé dans le sommeil ; je n’osais pas me lever, de peur de le troubler. J’attendais la nourrice et je guettais, par la croisée, le retour de mon père et de Madge, qui étaient allés visiter Hortwer. Le docteur n’était point venu depuis longtemps au cottage.

À cause du bébé, j’étais forcée de rester là ; mais il me tardait de me retirer, car je voyais James qui allait et venait sur la pelouse, flattant de la main la grosse tête caressante de Burrague, qui le suivait.

Mon beau-frère avait terminé ses comptes avec le contre-maître ; j’avais peur qu’il ne se tournât de mon côté… Ce que je prévoyais