Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/216

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Je fus effrayée de mes propres paroles. Certes, elles ne voulaient pas exprimer autre chose que de la colère !… Les yeux de James m’éblouissaient… j’eus le vertige !… Mes joues devinrent brûlantes… mon cœur se mit à bondir, je voulais me lever.

James s’était complètement redressé. Il m’entoura de ses bras.

— Enfin, dit-il d’une voix sourde, tu t’es trahie !

Il me serra à me briser toute entière. Je me cramponnai au berceau.

— Grâce… je te jure que c’est bien de la haine qui m’a fait te dire cela… Tu es un lâche ! Je voulais appeler quelqu’un… j’ai eu peur de crier ! je t’ai prévenu !… mon Dieu !

— Ose me regarder en lace, alors !

Il relâcha son étreinte, se pencha sur moi ; il souriait d’un sourire infernal.

J’ouvris les yeux tout grands.

— Oh ! si tu savais combien je…

Il m’épouvanta tellement que je cachai, éperdue, mon visage sur son épaule. Je la mordis, je crois pour ne pas crier. Il releva ma tête avec une douceur infinie.