Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/222

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pouvais me lever ; une fatigue accablante m’avait envahie.

Madge était inquiète ; nous parlâmes de l’alerte terrible que l’indisposition de son fils m’avait causée. Elle me dit qu’en le déshabillant, elle avait remarqué une trace livide à son cou. En me disant cela, elle me regardait, la malheureuse, elle me vit devenir verte.

Juliette pleurait sur mon oreiller. La pauvre fille me répétait, à tout instant, qu’elle sentait planer une grande catastrophe sur la maison depuis que je devais la quitter encore.

Madge ne comprenait rien à cette brusque décision. Elle me bégayait, à travers ses larmes, que je voulais l’abandonner malgré la recommandation de notre mère… puis elle m’accusait de manquer de confiance.

— Je suis sûre que tu me caches quelque chose, s’écriait-elle parfois, et elle se prenait la tête à deux mains en se lamentant.

Ensuite, elle revenait à James ; elle poussait souvent cette exclamation désolée :

— Il ne m’aime plus, je le sens, il ne m’aime plus ! J’en mourrai…

Je me levai deux jours après cette crise.