Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’agitaient joyeusement dans leur enfer… leur chef, James, était venu déjà deux fois près de la barrière ; il avait dardé sur moi son regard qui brillait dans les ténèbres ; ce regard gardait un reflet de l’enfer qui venait de l’éblouir… Puis, quand il s’était assuré que sa victime était toujours là, il revenait surveiller l’activité du monstre.

J’étais lasse, bien lasse de moi et de lui !… Il n’y avait plus qu’à aller se jeter dans ce fleuve de métal liquide, dont les ondes de flammes anéantiraient mon être et le détruiraient complètement. Cette pensée m’obsédait… Je montai le perron, je m’appuyai sur la balustrade, je regardai le ciel… ce beau ciel, si profond et si pur ! Les étoiles scintillaient… tous ces yeux-là ne connaissaient ni les éclairs ni larmes ! La lune rayonnait dans sa course tranquille ; rien ne la troublait au milieu de sa longue route aérienne. Cette boule d’or allait, inconsciente, poussée du doigt par le Créateur, sur le tapis céleste… Et moi, il me fallait suivre seule, et sans l’appui d’en haut, le chemin couvert d’épines que l’on m’avait tracé !