Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/233

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— James, s’écria-t-elle, je t’aime encore, je t’aimerai toujours. Pour que tu sois heureux il faut que je meure. Oh ! tu vas m’éveiller de mon horrible rêve !… Tu vas me dire que je me suis trompée !… par pitié, un seul mot de tendresse !… Dis-moi que tu ne peux pas haïr celle qui t’aime tant !… James, réponds ; je le veux !

Il eut un mouvement de fureur… il se contint ; sa voix siffla entre ses dents.

— Laisse-moi ! répéta-t-il.

— Oh ! tu me repousses, je suis ta femme, je suis la mère de ton enfant, d’Henry, de notre Henry ! et tu me repousses !… Quel monstre es-tu donc ? Que t’ai-je fait pour que tu me détestes ainsi ? Oh ! je veux bien mourir, sois tranquille, mais on ne t’aimera jamais comme je t’ai aimé ! Non, jamais ! Ellen, dis-le lui !

Un sanglot étouffa ses paroles. Je voulus courir à elle ; il me sembla qu’une pince de ter m’étreignait le cœur.

James essaya de nouveau d’éloigner Madge. Elle tomba à ses pieds, elle joignit les mains en s’écriant :

— Je ne veux pas mourir encore ! James, je